“ J'ai retrouvé le geste du glanage, vieux comme la présence des hommes sur terre ; ce geste de survie pour beaucoup d’entre eux encore aujourd’hui est aussi un geste rebelle qui permet de se positionner face au gaspillage et de recycler d’une manière singulière les objets jetés, abandonnés. Mon œil et ma main viennent interrompre modestement le cours des choses.
C’est le début d’un autre processus, je m’appuie sur la forme, la matière, la couleur, l’usure, la patine, le vécu de l’objet. Comme j’utilise des objets en bois, plastique, verre, métal, caoutchouc, tissus... Je ne soude jamais ; une petite ligature en fil de fer, une vis ou l’emboitement donnent déjà beaucoup de possibilités et de liberté. Par la magie de l’assemblage, tout se métamorphose ; souvent en oiseau, insecte... machines volantes ou autres. Pour toutes ces espèces en voie d’apparition, une nouvelle vie commence, pour moi aussi qui les accompagne.
Ce qui était jeté hier se retrouve sous les projecteurs et le regard des hommes ; ce paradoxe devient vite source d’humour et de rélexions sur notre petit passage sur terre.
Je suis un entremetteur, j’organise des rencontres pour que tout ce petit monde d’objets rejetés se fiance... pour le meilleur !!...
Adieu les caves, les greniers, vive l’azur retrouvé, les migrations de galeries en musées, de rêveries en projets. Si l’on veut parler art, alors allons-y... mais l’art de regarder les objets autrement, sous un autre angle. ”

Intéressé par l'art plastique, la peinture à l'huile, Alain Cousin suit des cours aux Beaux Arts et peint. Plus "copiste" que peintre de création, il "s'ennuie" presque. Il aime les oiseaux et récupérer des objets anciens, hétéroclites. Le déclic ne date que de quelques années. Il associe ses deux passions. Des êtres volants, singuliers commencent à naître entre ses doigts. Il fabrique avec tout ce qui l'interpelle, un goupillon à bouteille usagé, abandonné, une petite serpillère destinée à la poubelle, une pièce d'un vieil aspirateur, un oiseau. Pourquoi pas ! Il travaille, ou plus justement s'adonne à sa passion. Les oiseaux envahissent son univers, ils sont beaux, singuliers, émouvants.
Ce que l'homme a tenté de faire pour imiter la nature en matière de vol le fascine. Il peut aller observer les delta-plane, concevoir lui aussi une machine volante, rejoignant ainsi, un peu, les pionniers, mais n'a jamais été tenté pour l'instant par le fait de voler lui même. Les pieds sur terre, il observe. Depuis qu' Alain construit cet univers, sa pensée, son oeil voient les choses autrement. "Cela me hante... Un haut parleur de chaine hifi devient des yeux d'insectes" il rit, "Vous voyez ce que je veux dire !"... Oui, plutôt bien. Alain Cousin a le talent de créer un autre monde avec ce que le nôtre abandonne et de nous faire rêver.